Rencontre fulgurante avec le conte

 


 

Le conte avait depuis toujours tissé profondément les fils de ma vie, comme ça, sans bruit, sans que je le sache.

Il a suffi d’un de ces hasards qui n’en sont pas, du spectacle d’un conteur sur scène, pour que la révélation se fasse, brutale et inattendue.
Dans l’heure qui suivait, je n’étais plus la même. Je n’étais plus là.
J’étais partie comme une flèche. Je ne me suis jamais retournée.
Et si cela ressemble à un conte, c’est parce que c’en est un : le mien.

C’est une de ces histoires dont je raffole, où au détour d’une salle obscure, tout à coup, sans crier gare, la parole voyageuse vous bouscule, vous saute à la gorge, vous fait traverser l’apparente banalité de l’existence, et vous en révèle d’un coup la magie et le sens caché.
Depuis, je n’ai de cesse de prolonger modestement le chemin millénaire des mots, de tenter de rendre à l’ombre sa clarté, au réel sa part de merveilleux, et sa part de lumière à l’être méconnu.
Sur cette route rocailleuse et glissante, j’ai vite compris qu’une seule vie ne suffira jamais à personne pour vibrer juste de la juste vibration des histoires, pour dire la gravité avec la légèreté de la plume, atteindre l’élégance de l’éléphant sur le fil du funambule, parler au grain de poussière comme on parlerait aux Dieux…

La Grâce est capricieuse, et s’invite quand elle veut. Lorsqu’elle nous honore de sa présence, le temps d’un battement de cils, on effleure ce que pourraient être les choses au bout de sept vies.
La seule question, au cours de celle-ci, c’est juste de savoir avec quelle ferveur, avec quelle passion nous sommes capables de remettre mille fois l’ouvrage sur le métier, en oubliant le moins possible à quel point nous n’en sommes que les modestes artisans…
Le reste est affaire de vie…

Cahina Bari

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Parcours atypique